Le Huairasinchi est un raid en Équateur qui a servi de support à la finale des Championnats du Monde ARWS 2024. Un raid réputé pour sa dureté : une aventure en haute altitude, jusqu’à 3500 m, avec un climat équatorial exigeant. Peu d’orientation difficile, c’est donc le physique qui est la clé de la réussite.
Avec Pierre-François, notre capitaine, Carine Porret, notre féminine, et Raphaël Raymond, nous avons décidé de participer à cette incroyable aventure. Un récit de Rémi Crété pour la team Argo !
Préparation et acclimatation
Pour nous préparer au mieux, nous avons commencé par trois jours d’acclimatation. Logés à 3400 m d’altitude, nous avons fait des balades avec des passages à 4300 m. Ça pique, mais le paysage est magnifique. Pendant ces trois jours, nous étions accompagnés de l’équipe 400 Team, une superbe équipe visant la victoire et partageant toutes les valeurs du raid aventure.
Arrivée à Cuenca
Nous avons rejoint la zone de course à Cuenca, la deuxième ville du pays.
Après un contrôle du matériel (packraft, équipement de sécurité, matériel de corde), nous avons appris qu’une montée sur corde de 25 m avec poignée Jumar était au programme. Pas simple sans son propre matériel !
Petite frayeur : mon VTT a souffert pendant le voyage. Par chance, un vélociste près de notre hôtel l’a réparé à un prix très correct. Heureusement, car les distances prévues étaient conséquentes : environ 400 km de VTT, 130 km de trek et 90 km de trek-packraft.
Cérémonie d’ouverture
La cérémonie d’ouverture a été agréable : nous avons défilé dans le centre-ville historique avec nos drapeaux, parmi les 26 nations représentées. À 2400 m d’altitude, sous un soleil de plomb, l’indice UV atteignait 13-14.
Déroulement de la course
Départ et premières sections
Le départ a eu lieu à 7h00. Nous avons quitté la ville en vtt en convoi, récupérant les cartes après 10 km. La première section de VTT est rapide, avec des côtes très raides : là-bas, les lacets n’existent pas ! Sur certaines montées, nous devons pousser les vélos.
Nous avons entamé la deuxième section (un trek annoncé de 70 km avec 1500 m de D+ et 3500 m de D-) avant le coucher du soleil. Finalement, les nombreuses petites montées et descentes n’avaient pas été comptées : c’était bien plus long que prévu. Une trace difficile à trouver nous a fait perdre du temps, et nous avons pris une première pause de 2h pour dormir.
Trek-packraft : sensations fortes
La troisième section (90 km de trek-packraft) a commencé par une descente de rapides (classe 2-3). Nous nous sommes régalés, notre préparation ayant porté ses fruits. Nous avons doublé plusieurs équipes.
Nous avons débarqué sur une plage splendide peuplée de superbes papillons, mais la suite s’annonçait rude : sacs lourds, montée sous une chaleur accablante. Après avoir collecté toutes les balises en trek, nous avons décidé de dormir 2h avant d’entamer une navigation nocturne.
La descente nocturne a été intense : rapides impressionnants, mais notre maîtrise des packrafts a fait la différence. Ignorant les conseils des guides de sortir de l’eau, nous avons continué, gagnant plusieurs places sans encombre.
Section VTT : direction l’Amazonie
La quatrième section de VTT nous a mené jusqu’en Amazonie, à 500 m d’altitude. Sous une chaleur étouffante et une humidité écrasante, les montées semblaient interminables.
A un checkpoint, nous avons laissé nos vélos pour une épreuve de corde : rappel, marche aquatique, remontée sur corde. Carine et Raphaël, en grande forme, ont pris en charge cette section pendant que Pierre et moi en avons profité pour dormir et manger des bananes.
Nous avons terminé la section de VTT dans un petit village où un repas chaud nous a réconfortés.
Trek en Amazonie : l’enfer boueux
La cinquième section, un trek au cœur de la forêt amazonienne, est marquée par un violent orage. Torrents débordants, boue omniprésente : nous progressons à peine à 2 km/h. Nous dormons dans une cabane couverte de crottes de souris, mais le réveil est magique : une vue grandiose sur la forêt dans la lumière du lever de soleil.
Après une rude montée jusqu’à 3500 m, nous manquons de nourriture. L’aide de Pierre m’a permis de garder le rythme. Mais même après le sommet, les côtes s’enchaînent interminablement.
Dernières sections : sur le fil
La sixième section (105 km de VTT avec 3500 m de D+) est un défi, surtout après la pluie : la glaise colle aux roues, bloque les vélos. Une descente technique éprouvante s’est heureusement adoucie, devenant ludique.
Nous avons enchaîné une partie de spéléologie, une via cordata et une descente exposée, accélérant avant l’arrivée de la pluie. La dernière ligne droite en VTT semble interminable, avec des montées et descentes sans fin.
La navigation en ville pour les ultimes balises est tendue : trafic dense, klaxons incessants, une organisation risquée. Heureusement, Carine a trouvé les balises avec brio.
Arrivée
Nous avons finalement franchi la ligne d’arrivée, accueillis par toute la colonie française et nos brillants champions du monde, 400 Team. Les larmes coulent, et nous entonnons une Marseillaise.
Bilan : 133h de course, 12h de sommeil, 618 km, 19 000 m de D+, une 19ème place. Quelques centimètres carrés de peau en moins, mais des souvenirs inoubliables et une incroyable aventure partagée avec mes trois partenaires.
Remerciements
Merci à notre capitaine Pierre pour son organisation et son enthousiasme. Merci à Carine, impressionnante de solidité physique et mentale et à Raphaël, indestructible.
Merci également à l’organisation pour cette découverte d’une superbe région et des Équatoriens, si gentils et serviables.
Fierté personnelle : j’ai reçu le Hall of Fame de l’ARWS, récompensant les raideurs ayant marqué le monde du raid aventure. Une conclusion parfaite pour une de mes plus belles saisons de raid !